L'histoire de cette collection commence à la fin des années 1970 à Paris, près du flambant Centre Georges-Pompidou. C'est dans l'une des ruelles adjacentes, au musée national d'Art moderne, que Luca Moioli trouve l'objet à l'origine de la collection d'aujourd'hui. ce sont des pinces-nez exposés dans un parapluie ouvert qui ont frappé son imagination, rien de plus symbolique pour commencer une collection : des verres correcteurs de vue pour changer de vision...
Cette série de dix pièces provoque un intérêt qui le conduira à constituer une collection d'environ cinquante lunettes et besicles, du XVIe siècle, à présent dans les vitrines du musée des Lunettes Safilo à Padoue et de celui de Pieve di Cadore, dans la Vénétie.
Entre-temps, il se passionne pour les instruments d'optique, instruments scientifiques et astronomiques, de la mesure du temps et de l'horlogerie. La collection des pièces s'agrandit, elle explore les divers matériaux, comme l'ivoire, l'ambre, le corail, le cristal de roche, les pierres semi-précieuses (jaspe, lapis-lazuli, améthyste, cornaline, serpentine), avec une préférence pour les productions du XVIe siècle, sans pour autant négliger les objets d'autres époques.
Depuis une quinzaine d'années la collection s'embarque pour les terres lointaines et s'enrichi des pièces du curieux, du "jamais vu", du merveilleux, de l'insolite. Il achète par passion, à la découverte des secrets de fabrication, sans poursuivre une exhaustivité monimaniaque. C'est dans le sentiment poignant de "la chose révélée" que cette collection a grandi et continue à se développer.
Les objets s'harmonisent les uns avec les autres en une continuité de matière, de forme, de couleur ou d'usage. Ils se déplacent à la recherche de rapports avec les autres, pour leur faire hystrix côtoie un memento mori en cire juste au-dessus d'une statue Nok, ou qu'un saint Barthélémy écorché regarde une Vénus en ivoire près d'une branche de corail, le tout se reflétant dans uen sculpture moderne en acier, et ainsi de suite sans solution de continuité.
C'est dans l'esprit des Wunderkammern du XVIe siècle que cette collection trouve ses racines, la filiation de cet ensemble d'objets hétéroclites : une collection "scientifique" et "charadesque" en même temps, à la poursuite de la pièce manquante, celle capable de mettre le mot fin ç cette nature morte vivante.
Mais existe-t-elle une chose pareille ?
Seulement sur rendez-vous