Les experts CNES et les Musées

Vente au musée Rodin en 2024

RODIN-Auguste-Jeune-fille-aux-fleurs
RODIN-Auguste-Jeune-fille-aux-fleurs

La galerie Nicolas Bourriaud est heureuse d’annoncer la vente d’un buste en terre cuite d’Auguste Rodin (1840 – 1917) Le Buste de jeune femme aux roses dans les cheveux au musée Rodin.

L’acquisition récente de cette terre cuite est particulièrement remarquable car elle est la toute première œuvre datable (1863-1865 ) modelée des mains d’Auguste Rodin ; Il s’agit d’un témoignage capital pour l’œuvre de cet artiste majeur.

Comme l’indique le musée dans sa communication « L’air pensif du modèle, le traitement très libre de la chevelure à l’arrière et la vivacité du modelage montrent un sculpteur déjà maître de son art : les traits du modèle sont rendus avec sensibilité, la coiffure et son bouquet de rose sont modelés avec délicatesse et sensibilité. Entre 1863 et 1865, Auguste Rodin loue son premier atelier dans les locaux de l’entreprise du chimiste-verrier Charles Feil au cœur du faubourg Saint-Antoine. Dans ces anciennes écuries qu’il peine à chauffer, Auguste Rodin crée ses premières oeuvres personnelles. L’artiste offre ce buste de jeune femme à Charles Feil pour le remercier du charbon qu’il lui fournissait pour chauffer son atelier. En 1900, sollicité par le gendre de Feil et alors au faîte de sa gloire, Rodin accepte de signer rétrospectivement le buste, reconnaissant ainsi pleinement son oeuvre de jeunesse.

Auguste RODIN (1840-1917)

Buste de jeune femme aux roses dans les cheveux, vers 1863-1865Terre cuite originale à engobe rouge signée « A Rodin »H. 39,6 x L . 26 x P. 22 cmCirca 1863-1865

Provenance : Don d’Auguste Rodin à Charles Feil (1825-1887) ; Louise Feil, épouse de Charles Paisseau (1850-1919) ; docteur Georges Paisseau (1876-1948) ; Pierre-Henri Paisseau (1919-1998) ; par descendance.

Références bibliographiques : Micheline Hanotelle, Paris-Bruxelles : Autour de Rodin et Meunier, Courbevoie, 1997 ; June Ellen Hargrove, Gilles Grandjean, Carrier-Belleuse, le maître de Rodin, Compiègne, Palais de Compiègne, 22 mai-27 octobre 2014, RMN 2014.

  Le Louvre préempte une paire de bassins d’huiliers du service Penthièvre-Orléans  

  Edme-Pierre Balzac (1705-après 1781), paire de bassin d’huilier provenant du service royal Penthièvre-Orléans  
  Edme-Pierre Balzac (1705-après 1781), paire de bassin d’huilier provenant du service royal Penthièvre-Orléans  

 Expert: Thierry de LaChaise

Edme-Pierre Balzac (1705-après 1781), paire de bassin d’huilier provenant du service royal Penthièvre-Orléans, Paris, 1762-1763. Argent, 11,5 x 32,5 x 18 cm ; poids brut : 2,226 kg et 2,175 kg. Adjugé : 314 880 € (frais inclus) chez Artcurial, Paris, le 17 décembre 2024, lot 50. Photo service de presse. © Artcurial

Quintessence de l’art rocaille, le service Penthièvre-Orléans est l’un des très rares services d’argenterie d’Ancien Régime à avoir échappé aux fontes révolutionnaires. Grâce à l’acquisition de deux nouvelles pièces, le musée du Louvre confirme que la réunion de cet ensemble désormais dispersé, du Metropolitan Museum of Art de New York à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, est une priorité pour le département des Objets d’art.

L’institution a en effet récemment préempté – pour 314 880 € (frais inclus) – une sublime paire de bassins d’huiliers en argent, issus du légendaire service Penthièvre-Orléans. Exécutés par Edme-Pierre Balzac autour de 1762-1763, ils font partie d’une suite de quatre, parmi les derniers éléments du service encore conservés en mains privées.

Une préemption très attendue

Preuve que cette acquisition était sinon nécessaire, du moins très attendue, l’un de ces bassins était déjà reproduit dans le nouveau catalogue raisonné de la collection d’orfèvrerie du Louvre, paru en 2022 grâce aux efforts conjugués de Michèle Bimbenet-Privat, Florian Doux et Catherine Gougeon. Cette préemption est donc une formidable nouvelle pour tous ceux qui s’inquiétaient de voir d’autres pièces majeures échapper au musée : le pot à oille de la collection Robert de Balkany s’était envolé en 2016 pour 243 000 €, et les deux cloches emblématiques inspirées par Oudry – pourtant classées trésor national en 2010 – avaient finalement vu leur certificat d’exportation accordé en 2013. C’est ainsi que le « renard dévorant une poule » et la « fouine saignant un pigeon » étaient partis pour l’Amérique, laissant le « cerf aux abois » du Louvre en bien mauvaise posture.

L’extravagance d’un décor aquatique

Ce service fabuleux, dont les grandes pièces de forme ont miraculeusement échappé aux fontes révolutionnaires, se distingue par un somptueux décor « chasse et pêche ». Bien que les fruits et légumes ne soient pas en reste – on compte des prises citron et des pieds céleri –, notre paire de bassins appartient plutôt à la deuxième catégorie citée, d’un rocaille éclaboussant. L’orfèvre Balzac a choisi de représenter, sur un socle d’enroulements sagement orné d’une frise de godrons, une scène à débordement, sorte de vague suscitée par les ébats de dauphins dentus. Alors qu’ils crachent de l’eau dans de ravissantes coquilles, d’où elle s’échappe en cascade, leurs queues s’entortillent dans des remous d’argenterie. Les écailles rugueuses des petits monstres marins en font un bijou de ciselure, tout comme les gerbes d’algues émergées qui, rassemblées en couronnes, servaient de porte-burettes. Ces deux pièces extrêmement virtuoses,  fluides, vivantes presque, viennent compléter parfaitement la part du service conservée à Paris, sauvée d’une dispersion tragique qui a commencé dans les années 1930 avant de s’achever après-guerre.

Mots-clefs : rodin, scultures, musée