EXPERT Bertrand Malvaux, CNES.
Estimation : 700.000 : 1.000.000 euros
TENTATION° 3
Jeudi 22 mai 2025 - 18h
Drouot - salle 9
EXPOSITION
Mardi 20 et mercredi 21 mai de 11h à 18h
et jeudi 22 mai de 11h à 16h
Téléphone pendant l’exposition + 33(0) 1 48 00 20 09
Lot n° 12 (de la vente)
SABRE DE NAPOLÉON OFFERT À EMMANUEL DE GROUCHY DERNIER MARÉCHAL DE FRANCE NOMMÉ SOUS LE PREMIER EMPIRE
Signé de la Manufacture de Versailles, oeuvre de Nicolas Noël Boutet.
France, Consulat - Premier Empire, vers 1803-1804.
Provenance :
- Ce précieux sabre offert à Grouchy par l’Empereur en 1815, puis est donné au départ du maréchal en exil aux
Etats-Unis à sa soeur, Charlotte Félicité de Grouchy (1768-1844), épouse de Pierre Jean Georges Cabanis (1757-1808)
- Par descendance directe
« Il n’y a que deux puissances au monde : le sabre et l’esprit… » Napoléon Bonaparte (LAS CASES Emmanuel. Mémorial de Sainte-Hélène, Paris 1823).
« Symbole de l'accession au pouvoir, il a accompagné Napoléon Bonaparte du Consulat aux Cent Jours. »
Monture d'inspiration turque dite « à la Marengo » entièrement en vermeil. Croisière de forme losangique, H 6,9 cm, largeur 3,5 cm, épaisseur 2,7 cm. Elle est moulée en relief d'une tête de méduse coiffée de la tête du lion de Némée surmontée de deux branches de laurier avec une massue en arrière-plan. De part et d'autre, deux forts quillons inversés raccordés à la croisière par une grande palmette et chacun terminé sur le côté intérieur d'une tête de bélier courbée vers le bas, et sur l'extérieur d'une tête de chien d'inspiration mythologique tenant dans sa gueule un serpent relevé vers le haut. Le quillon arrière mesure environ 7,1 cm de haut, le quillon avant mesure environ 8,1 cm de haut. Calotte à courte-queue représentant un lion stylisé d'inspiration mythologique, tenant dans sa gueule un anneau de suspension. H de la calotte environ 9,8 cm, largeur environ 6 cm, épaisseur 2,7 cm. Largeur de l'anneau 1,9 cm, H de l'anneau 1,7 cm. À cet anneau de suspension, est attachée une triple gourmette qui se fixe en bas au quillon dirigé vers le haut. La calotte est fixée à la fusée de chaque côté au moyen d'une vis dorée. Fusée en bois à plaquettes de nacre filigranées de cannetilles d'argent doré. Les bords de la fusée sont complétés d'un jonc en vermeil de 3 mm de large.
Lame damas courbe à pans creux de 79 cm de long, dos à jonc, signée à fond or « Manufacture De Klingenthal Nal Coulaux Frères ». La soie de la lame porte le nom du graveur Isch et est datée An XI (23 septembre 1802 - 22 septembre 1803).
Sur la face avant, le premier tiers est richement gravé d'un décor au relief poli miroir à fond or. Au centre, un cartouche hexagonal représente le Premier Consul à cheval à la tête d'une armée avec un ciel nuageux et un dieu ailé tenant dans sa main une couronne civique. Au-dessus du cartouche, est représentée une déesse ailée à couronne civique, et en partie basse un globe terrestre sur fond de trophées militaires et de décor floral. Le deuxième tiers porte l'inscription en lettres damas « NAPOLÉON BONAPARTE ».
La face arrière est pareillement organisée, le cartouche central représente le dieu de la Guerre casqué et armé avec dans les cieux un soleil rayonnant, au-dessus du cartouche, un Hercule de profil tenant sur son épaule une massue, et en partie basse un globe terrestre sur fond de trophées militaires avec peau du lion de Némée servant de socle et sur le deuxième tiers de la lame, est inscrite dans le damas « PREMIER CONSUL ».
Fourreau est en bois gainé de galuchat gris avec couture à ressort en fils de cannetilles d'argent doré, à trois garnitures en vermeil et acier. Longueur totale 81,8 cm.
Chappe en vermeil à entrée de cuvette non débordant, la partie haute est lisse, gravée « Manufre Imple / à Versailles / Boutet et Fils ». En partie basse, la chappe est complétée d'un bracelet de bélière de forme ovoïde dont le centre est décoré d'une grande palmette bordée d'une moulure plate et séparée de la moulure extérieure par un décor ajouré. De part et d'autre du bracelet, un cartouche est décoré d'une tête de lion, le cartouche intérieur au sabre est muni d'un anneau de suspension. H de la chappe 12,4 cm, H du bracelet de bélière 6,7 cm, H des cartouches latéraux 2,2 cm, largeur extérieure de l'anneau 1,8 cm, H de l'anneau 1,6 cm, largeur de la chappe sur sa partie supérieure 3,8 cm, largeur totale du bracelet de bélière 5,2 cm.
Garniture du centre du fourreau en forme de bracelet de bélière identique au bracelet de la chappe. H du bracelet 6,8 cm, largeur 4,9 cm.
En partie basse du fourreau, une bouterolle de 23 cm de haut, est terminée par un dard en acier mouluré, H du dard 1,2 cm à son extrémité, H totale du dard 4 cm, largeur du dard 3,7 cm, épaisseur du dard en partie haute 4 mm et en partie basse 6 mm. Largeur de la bouterolle en partie haute 4,2 cm, et en partie basse 2,8 cm.
Bouterolle richement décorée de lyres, palmettes, fleurons, feuilles d'acanthe, dessins géométriques et en partie basse d'une suite d'écailles.
H totale de la bouterolle et du dard 24,2 cm.
France.
Premier Empire.
Le sabre est en bon état, la lame est légèrement épointée, les plaquettes de nacre sont complètes et d’origine, restaurées par collage, restauration réalisée par Monsieur Olivier Morel, restaurateur d’œuvre d’art (spécialiste en métaux), qui a consisté en un nettoyage, avec démontage de la poignée pour recoller les parties en nacre de la fusée, qui étaient fendues. Mais aucune de ces parties n’a été refaite, ni remplacée.
Le fourreau est en bon état, le galuchat est légèrement rétréci à ses extrémités avec quelques manques en partie basse, la couture à ressort est oxydée, la bouterolle comporte quelques manques latéraux d'environ 3 cm de haut à l'extérieur et 6 mm à l'intérieur.
« Mon sabre est le garant de la paix publique » Napoléon Bonaparte
Assemblée des Anciens, palais des Tuilleries, 18 brumaire 1799
Un parfait exemple de l’excellence à la française, réalisé par le plus prestigieux fourbisseur de l’époque.
Ce sabre exceptionnel incarne à la fois une excellence « à la française », la mythique campagne d’Égypte, l’ascension de Napoléon Bonaparte et la naissance d’une légende. Si le bicorne est représentatif de sa silhouette, le sabre est le symbole le plus cher à Napoléon. Ce sabre l’a accompagné pendant toutes années de l’exercice de son pouvoir.
Objet historique de premier plan. Tant par son style directement issu de l’influence ottomane de la campagne d’Égypte, que par son appartenance historique.
Il est emblématique d’un nouveau style qui ne durera qu’une dizaine d’années et qui est intimement lié à la légende de Napoléon : « le style retour d’Égypte », avec des sabres désormais à “la Turque”. Il est d’une qualité exceptionnelle. Un parfait exemple de l’excellence à la française. C’est un véritable chef-d'œuvre, un travail d’orfèvre, réalisé par le plus prestigieux fourbisseur de l’époque.
Entre 1802 et 1803, Bonaparte commande ce sabre à Nicolas-Noël Boutet, « directeur-artiste » de la Manufacture de Versailles. Si les archives de cette Manufacture ont été détruites, la lame, forgée à la Manufacture de Klingenthal, gravée et signée « Isch Graveur An XI » (23 septembre 1802 - 22 septembre 1803), permet de dater la commande. Cette lame entièrement damasquinée avec, au centre de chacune des faces, une finition exceptionnelle qui laisse apparaître de manière subtile, dans un damas travaillé différemment, l’inscription « N BONAPARTE » d’un côté, et de l’autre « PREMIER CONSUL ». Il existe peu de lame de sabre portant ce type d’inscription. Certains généraux ont fait inscrire leur nom sur leurs sabres ; un sabre ayant appartenu au Roi Joseph Bonaparte, Roi de Naples (1806-1808), possède une lame de ce type avec l’inscription « J NAPOLÉON / ROI DE NAPLES », montée avec un sabre de fabrication italienne, actuellement conservé dans une collection privée.
Bonaparte est Premier Consul. Il s’adresse à Nicolas-Noël Boutet car celui-ci est réputé pour son travail d’exception. Un travail d’orfèvre. Il est d’ailleurs reconnu comme étant le plus grand arquebusier de son temps. Le directeur artiste de la manufacture de Versailles mis en chantier cette prestigieuse commande, elle fut terminée après que le Consulat ait cédé la place à l’Empire le 18 mai 1804, d’où la signature sur le fourreau : Manufacture Impériale de Versailles. Ce sabre à très certainement contenté le nouvel Empereur au delà de ses espérances, car il le conserva durant tout son règne impérial ! Il en commanda même un second exemplaire strictement identique, à l’exception, du décor du talon de la lame.
Ces deux sabres sont conservés par l’Empereur durant tout son règne, il ne s’en est séparés pour récompenser la loyauté ! L’un offert à un comte russe, le lieutenant général Pavel Andreevich Chouvalov, qui sauva la vie de l’Empereur lorsqu’il l’escorta pour son premier exil au printemps 1814, l'autre, à Emmanuel de Grouchy après sa victoire sur le Duc d'Angoulème en mars 1815.